Bon, je ne vous apprends rien en vous disant que les hommes et les femmes, en matière de sexe, sont à des Lunes l’un de l’autre. Imaginons cette scène qui se déroule devant vos yeux; un homme et une femme en sont à leur premier rendez-vous galant. Attablés dans un resto branché, bien fringués, bien coiffés, saupoudrés de leurs parfums préférés, ils se regardent intensément dans les yeux. L’homme attire l’attention de la femme. Elle, n’a qu’à ouvrir légèrement ses lèvres pour éveiller chez l’homme un désir sexuel intense qui va droit dans son pantalon. Du coup, il se voit déjà avec elle dans son lit. Pendant ce temps, la femme examine l’homme. “La mèche qui lui tombe négligemment sur le front, près du sourcil droit indique quelque chose, mais je ne sais quoi”, se dit-elle. Elle s’interroge à savoir s’il a volontairement laissé tomber cette boucle sur son front, ou si cela est le fruit d’une étourderie de sa part. Si c’est le cas, il est sûrement du genre à ne pas faire son lit le matin; probable aussi qu’il laisse traîner ses chaussettes et ses sous-vêtements. Pourtant “il est beau, charmant, parle bien, mais je ne veux pas d’un homme qui va me prendre pour une bobonne. De plus, il porte une montre bon marché. Du toc aussi en ce qui concerne ses chaussures. Il y a fort à parier qu’il me ment à l’instant même. À moins qu’il soit radin. Toujours est-il qu’il est soit paumé, soit riche, mais radin, ce qui n’est pas tellement mieux”. Pourtant, à la vue de son regard chargé d’intensité, de ses yeux aussi noirs que l’ébène, elle mouille sa chatte et se tortille sur sa chaise. Cela dit, si entre ses jambes le désir se fait sentir, il en est autrement dans sa tête. Elle se dit qu’il faudra plus qu’un regard, aussi sulfureux soit-il, pour qu’elle cède devant lui. Il possède de larges épaules, des mains viriles, une jolie peau qui donne envie de s’y frotter. Il me protégera, sans doute, mais cela ne suffit pas. Elle l’attise en humectant ses lèvres doucement de sa langue. Elle veut voir sa réaction, vérifier l’authenticité de ses émotions. Pendant tout ce temps, l’homme est cloué sur sa chaise. Le temps est suspendu. Il se demande s’il serait de mise de faire tout de suite les premiers pas. Il a une envie folle de sa bouche. Peut-être devra-t-il attendre le dessert ? se dit-il. Comme l’homme hésite à se compromettre, la femme de son côté se demande si elle est désirable. “Je n’aurais pas dû mettre cette robe. L’encolure est trop échancrée. Il me prend sans doute pour une traînée. Il ne me désire pas”. Du coup, elle tente de couvrir sa poitrine, se tourne la tête sur le côté et regarde dans le vide. Chez l’homme, cette réaction le rend perplexe. Il se dit que si elle tente de couvrir sa poitrine de cette façon c’est qu’elle a senti dans son regard qu’il reluquait ses seins et voit en lui le pervers qu’il n’est pas.
Il est probable qu’elle regarde autour s’il n’y a pas meilleur prospect que lui. Puis, la femme replonge ses yeux dans ceux de l’homme. Une épaule monte. Elle se fait chatte. L’homme souffle un peu. L’espoir renaît. Si cette rotation de l’épaule, fort jolie d’ailleurs, de cette femme, est interprété par l’homme comme une invitation à s’approcher d’elle et de s’emparer sur le champ du fruit jusque-là inaccessible, pour cette dernière il en va tout autrement. Cela voulait dire “Est-ce que tu me trouves belle?” Et cette interrogation s’accompagne invariablement d’une affirmation, à savoir “Dis-moi que tu me trouves désirable”. Il y aurait aussi pu y avoir un “sinon” à la fin de cette phrase, c’est selon et une conséquence dans le cas où l’homme se défilerait. L’homme dépose ses coudes sur la table. Il s’approche d’elle. Elle a follement envie de lui, mais son cœur n’est pas encore gagné. Elle se dit “s’il pense me prendre comme on cueille une fleur dans un champ, sans faire d’effort, il peut bien aller paître”. Au moment où l’homme n’est qu’à quelques centimètres du visage de la femme, cette dernière exerce un mouvement de recul et se croise les bras et recouvre entièrement sa poitrine. L’homme est médusé. Mais il ne se laisse pas abattre par cette réaction. Il recule, mais pas totalement. Puis, il s’adresse à la femme en ces mots;
— Je voulais seulement sentir ton parfum… Versace ? Yves St-Laurent ?
La femme laisse doucement tomber ses bras le long de son corps. Elle répond :
— Marry me.
Les yeux de l’homme deviennent grands comme des billes. Il sent la sueur couler le long de son front. Marry me (marie-moi), sont pour un homme des mots qui glacent le sang, surtout lorsqu’il s’agit d’une première rencontre. Voyant sa réaction, la femme sent le besoin d’ajouter ceci :
— Marry me… c’est le nom de mon parfum. Je ne veux pas que tu m’épouses. Peut-être un jour, on ne sait jamais, mais pour l’instant, c’est juste des odeurs qui flottent dans l’air.
L’homme se retient de pousser un “ouf” bien senti. Il lui dit :
— Il sent le paradis ton parfum. Il sent aussi bon que toi tu es belle.
— Tu me plais aussi.
Il met sa main dans la main de la femme et dépose doucement ses lèvres sur les siennes. “Elle goûte le ciel”, se dit-il.
Bon, maintenant si vous pensez que je vais dire “ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants”, vous avez tort. Quoi que…
JayL
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