Voici le récit d’un ami Québécois … Qu’en pensez-vous ?
Des envies de sauter la clôture avec d’autres mecs ?
Note de l’auteur : Selon une étude, 80 % des jeunes homosexuels mèneraient une double vie et n’assumeraient pas leur homosexualité. 20 % des homosexuels seraient des hommes mariés. La population homosexuelle représente environ 10 % de nos jours, alors qu’on disait qu’elle représentait 6 % il y a une vingtaine d’années, mais selon un sondage, un homme adulte sur quatre aurait déjà eu des contacts physiques avec un autre homme au moins une fois, sans toutefois se considérer comme homosexuel.
J’avais à peine dix-huit ans lorsqu’un jour j’eus la surprise de ma vie en entrant dans les w-c. d’un cinéma porno. Un homme, à genoux, donnait du plaisir à un autre homme devant les yeux d’un ordre composé d’autres mâles en rut. Mes yeux n’ont croqué la scène que quelques secondes, car paniqué, j’ai pris la poudre d’escampette. Pendant plusieurs semaines, je revoyais ces images en boucles dans ma tête. Je me trouvais bête de n’avoir pu supporter le spectacle. En mon for intérieur, j’aurais aimé voir la suite.
Quelques mois plus tard, alors que j’étais fauché, un homme conduisant une BMW m’aborda pendant que je faisais de l’auto-stop. Il a immobilisé sa voiture, baissé sa vitre et m’a adressé la parole. Son ton et ses intentions étaient sans équivoque. Il me dit :
— Combien pour une pipe, mon garçon?
J’ai tourné les talons sans répondre à sa question. Il s’est éloigné en faisant crisser ses pneus. Encore une fois, je me disais que j’avais laissé passer une belle occasion d’explorer un côté de ma sexualité que je refoulais à l’intérieur de moi.
Dans les deux cas, un détail avait attiré mon regard. Ces hommes portaient tous un anneau à leur majeur.
Quelques années plus tard, passant devant une mini salle de cinéma qu’on appelle peep-show au Québec, je décidai d’y entrer. Sexuellement, j’avais pris du galon. Je n’en étais plus à mes premières expériences sexuelles, mais celles-ci ont toujours été hétérosexuelles. Il n’était pas question toutefois que je ferme les yeux sur un spectacle, quel qu’il fut. Et attraction, il y eut très rapidement. Cela s’est passé dans la rangée juste derrière moi. Un homme aux cheveux poivre et sel a trouvé bouche à son membre et s’est soulagé sous mon regard médusé. Plus tard, un autre homme vêtu d’un complet très chic, avec une désinvolture incroyable, a baissé sa fermeture éclair devant le même type, lui a présenté son énorme engin et a rapidement atteint l’orgasme au grand plaisir de son partenaire qui semblait voir de la générosité dans ces gestes répétés de ces hommes mariés. Il accueillait ses hommes l’un après l’autre et les remerciait de leur offrande.
Je suis resté dans ce peep-show pendant plus d’une heure. À mon départ, le mec se léchait les lèvres à l’envie de partager quelques instants de plaisir en ma compagnie, mais ce sont mes pulsions de voyeur qui m’avaient attirés en ces lieux. Je préfère les douces caresses dans l’intimité plutôt que de me laisser mon sexe patauger dans le palais d’un inconnu. Comme j’avais assouvi cette soif de voir ce que jadis je m’interdisais, il n’y avait plus d’intérêt à rester plus longtemps. Mais une chose me trottait dans la tête. Encore une fois, ces mecs étaient tous des époux.
Dernièrement, je me suis abonné à un site de rencontre entre hommes sur le net. Pas tellement pour rencontrer toutefois, mais pour voir, observer les comportements de ces hommes qui souvent sont mariés et recherchent à faire des rencontres occasionnelles avec d’autres hommes. Ils se donnent des rendez-vous un peu partout, dans des endroits sombres et parfois louches. Parfois dans des salles de cinéma porno, des w-c d’édifices publics, des saunas, des salles de sport. Pas plus tard qu’hier, sur ce même site, j’ai activé la fonction chat, chose que je n’avais jamais faite. Il ne suffit que de quelques secondes pour entrer en contact avec Richard, un mec d’une quarantaine d’années. Sur sa page perso, il ne dévoilait qu’une seule partie de son anatomie, soit son pénis au garde à vous. La conversation tourne rapidement autour d’une possible rencontre. Voici une partie de la conversation à partir du moment où Richard m’invita à le rejoindre dans un de ces endroits.
Richard — Si tu as envie de sexe, on peut se rencontrer au Vénus cet après-midi (un peep-show sur la rue Sainte-Catherine sur Montréal). C’est un endroit que je connais bien et comme je ne peux recevoir chez moi, c’est pratique et moins cher qu’à l’hôtel.
Jay — Tu es marié ?
R — Comme la plupart des hommes ici, oui.
J — C’est vrai.
R — Et toi, t’es marié ?
J — Non.
R — T’es gay ?
J — Plutôt bisexuel.
R — Pfft… t’es marié donc. Sinon t’es en couple, et c’est pareil.
J — Il y a une chose qui me trotte dans la tête.
R — Qu’est-ce que c’est ?
J— Je ne suis pas un habitué de ce genre d’endroit, mais pour y avoir mis les pieds à quelques reprises, je me suis toujours demandé pourquoi il y avait tant d’hommes mariés qui les fréquentent.
R— Oui… hé bien, c’est simple et compliqué à la fois. Je parle pour moi, mais parfois j’ai l’impression que ma femme et moi en sommes rendus à faire l’amour dans le même lit, mais séparément l’un de l’autre.
J — Et tu préfères te rendre à ces endroits pour te faire sucer pour combler un manque d’affection de la part de ta femme.
R — Une fellation de la part d’un homme, ce n’est pas pareil comme avec mon épouse.
J — Peux-tu être un peu plus explicite?
R— Encore une fois, je parle pour moi, mais après plusieurs années de mariage, ma compagne considère la fellation comme un moyen de stimuler mon érection, sans plus de considération, alors que la bouche tendre des hommes qu’on rencontre dans les peep-shows ou les saunas est comme le miel sur une tartine, si tu vois ce que je veux dire. Ces hommes-là font littéralement l’amour à un pénis et ne demande jamais rien en retour. Plusieurs d’entre eux le font depuis des années, plusieurs fois par jour dans certains cas. Ce sont de véritables machines à donner du plaisir. La plupart des mecs qui se tiennent dans ces endroits se connaissent et se reconnaissent. Ils se méfient des nouveaux, toutefois, mais ils ne dédaignent pas la chair fraîche pour autant. Il faut savoir les amadouer. T’as envie d’y aller avec moi?
Je dois avouer que je me suis défilé. Hé, oui. Je n’ai pas été capable de me rendre plus loin que cette conversation. Peut-être qu’un jour je sauterai la clôture, qui sait? Pour l’instant du moins, ma copine et moi trouvons toujours un moyen pour faire jaillir la flamme. Mais je dois avouer que parfois, je m’imagine avec elle en compagnie d’une tierce personne de la gente masculine. Et je ressens comme un gonflement soudain dans mon pantalon.
Jay L. Wright
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